Située au sein du golfe normano-breton, au carrefour de la Bretagne et de la presqu’île du Cotentin, la baie du Mont Saint-Michel occupe une dépression d'environ 500 km² . Elle s’ouvre largement sur la Manche entre la pointe du Grouin au nord de Cancale et la pointe du Roc à Granville et s’évase dans les terres au sud-est par les estuaires de la Sée, de la Sélune et du Couesnon.
La baie du Mont-Saint-Michel se caractérise par l’ampleur de ses marées, parmi les plus fortes au monde et pouvant atteindre 15 mètres d’amplitude en période de vives eaux. Elle offre alors un spectaculaire estran découvrant sur 250 km². Depuis une dizaine de siècles, l’homme a retiré progressivement à la mer d’immenses espaces (marais de Dol, polders, etc.). La digue protégeant les terres conquises sert aujourd’hui de trait de côte sur tout le pourtour sud de la baie.
Au sein de ce site de renommée internationale, les activités humaines ont depuis longtemps mis à profit son extrême richesse biologique. Les interactions sont multiples et complexes entre l’environnement, la faune, la flore et les hommes. Ces derniers ont développé des activités professionnelles (pêche, conchyliculture,...) et de loisirs (chasse, pêche, découverte de la nature,...) entièrement dépendantes du bon fonctionnement de cet écosystème fragile, lui-même tributaire des apports marins océaniques, de la qualité et de la quantité des eaux douces arrivant dans la baie.
Le Mont-Saint-Michel entouré de son vaste estran sableux (photo © Syndicat Mixte Baie du Mont Saint-Michel - Audrey Hemon)
Pourquoi la baie est-elle désignée au titre du réseau Natura 2000 ?
La baie constitue un vaste espace de haute valeur paysagère et écologique. Elle présente des espaces naturels aussi riches que variés : milieux marins immergés en permanence, estran sablo-vaseux, platiers rocheux, marais salés, bancs coquilliers et un littoral très diversifié qui participe étroitement au fonctionnement global de la baie : cordons dunaires, falaises granitiques, marais périphériques et polders. Située sur la grande voie de migration ouest-européenne, la baie constitue en outre un site d’importance internationale pour l’avifaune migratrice. Elle joue donc un rôle essentiel dans le cadre d'un réseau cohérent d'espaces naturels de valeur internationale.
Reconnue pour son caractère naturel exceptionnel, la baie bénéficie ainsi de la politique européenne en matière de préservation des milieux naturels : les Directives « Habitats-Faune-Flore » (92/43) et « Oiseaux » (79/409) qui composent le réseau Natura 2000.
La Zone Spéciale de Conservation (ZSC)
Elle couvre une superficie de 39 480 ha et vise à assurer la préservation durable des habitats naturels reconnus d'intérêt communautaire ainsi que les habitats abritant des espèces d'intérêt communautaire (mammifères, amphibiens, poissons, invertébrés et plantes).
En baie du Mont-Saint-Michel, elle concerne 46 habitats et 23 espèces animales et végétales reconnus au niveau européen.
L’emprise de la ZSC est principalement marine et suit essentiellement le trait de côte, intégrant ainsi les milieux régulièrement ou épisodiquement immergés tels que les prés salés et les cordons coquilliers. Elle déborde sur sa partie normande pour englober les falaises de Carolles-Champeaux et les dunes de Dragey. Par ailleurs, deux espaces périphériques sont également compris dans la ZSC pour leur haute valeur écologique, il s’agit du marais de Sougéal et du bois d’Ardennes.
La Zone de Protection Spéciale (ZPS)
Elle couvre une superficie de 47 672 ha et vise à assurer la préservation durable de toutes les espèces d'oiseaux les plus menacées pour lesquelles des mesures spéciales de conservation doivent être prises afin d'en assurer la survie et la reproduction. En baie du Mont-Saint-Michel, elle concerne 68 espèces d’oiseaux reconnues au niveau européen, dont 25 au titre de l’annexe I de la directive « Oiseaux » et 43 en tant qu’espèces migratrices régulières visées par l’article 4.2 de la même directive.
L’emprise de la ZPS reprend majoritairement celle de la ZSC. Le périmètre est plus conséquent sur la partie terrestre de la baie avec la prise en compte de l’ensemble des marais périphériques qui jouent un rôle primordial dans la conservation des oiseaux d’eau, à savoir les marais de Dol – Châteauneuf, les marais du Couesnon, le marais du Vergon et la mare de Bouillon. Il faut également y ajouter les polders à l’ouest du Couesnon et les îlots de Cancale.
En Ille-et-Vilaine, l’animation des sites Natura 2000 “Baie du Mont-Saint-Michel”, pour l’année 2023, bénéficie d’un financement européen de 21 418 €, complété par un financement de la région Bretagne de 13 000 €.